Gênée des commentaires suscités par son refus de s’associer à la manifestation du 24 février en souvenir de Jean Zay, la municipalité de Riom a fait savoir qu’il en serait désormais ainsi pour toutes les manifestations qu’elle n’aurait pas organisées elle-même … Piteuse excuse, justification dérisoire : le maire entend-il décider de la date et des modalités des fêtes et cérémonies nationales, voire de la procession de la Saint-Amable ? Justification dérisoire, et surtout prétexte honteux, explication improvisée après coup, disons après ce mauvais coup porté chez nous, au nom des Riomois, à la République !
Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’un refus à motivations idéologiques. Que l’initiative de l’hommage à Jean Zay ait été prise par le Grand Orient de France, obédience maçonnique de J. Zay, interdite sous le régime de Vichy, ne valait certainement pas recommandation auprès d’élus empêtrés dans leurs préjugés du XIXe siècle. Il n’est pourtant pas nécessaire de devenir maçon ni d’adopter toutes les positions philosophiques ou politiques de la principale branche de la maçonnerie française pour respecter en elle une organisation viscéralement républicaine.
Précisément, le tort de Jean Zay, pour notre municipalité « apolitique », est d’avoir été un grand ministre de la République, pire encore, un jeune et brillant ministre du Front populaire. Peu importe son action pour démocratiser l’accès au lycée, à l‘Université, à la haute fonction publique …Peu importe l’invention, du CNRS, celle du Festival de Cannes …Tout cela était peut-être utile , soit, mais peut-on oublier que Zay était juif, au mieux demi juif (par son père, : sa mère était protestante, ce qui, au fond, n’arrange rien) ? Et c’est cela, Madame, Monsieur, que l’on aurait voulu nous faire honorer !
Sans faire à quiconque de procès d’intention, sans prétendre savoir ce qui s’est passé au fond de la conscience du maire de Riom et de son entourage, nous sommes donc enclins à nous interroger : n’y aurait-il pas dans tout cela quelques résurgences des flots de bêtise et de haine déversés autrefois sur la gauche dans les années 30 ? Et au fond d’un placard aux vieilles rancœurs, ne traînerait-il pas, rancies par le temps, quelques pastilles de Vichy ? Il n’est pas sûr qu’à Riom l’esprit de Vichy soit vraiment mort. Et l’on aimerait savoir ce qu’en pensent les quelques vrais gaullistes* de la municipalité riomoise.
* Il en est au moins un, l’adjoint au maire Daniel Grenet, qui, comme l’ancien maire centriste Claude Liebermann, a sauvé l’honneur de la droite en participant à la manifestation du 24 février.
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