Médiathèque (suite) : tout cela, c’est du cinéma !

Selon La Montagne du 13 décembre le maire de Riom n’en doute pas : Riom ne peut se passer d’un cinéma. Et ce gardien vigilant du porte-monnaie des Riomois n’hésite pas à préciser : «  Il est indispensable que la collectivité s’engage pour conserver un cinéma proche du centre-ville, en soutenant le privé sous une forme ou une autre … ». Comment ne pas se rendre à cette évidence ? On regrettera seulement qu’elle ne se soit pas imposée à droite vingt cinq et trente ans plus tôt, quand l’opposition municipale d’avant 1989,  devenue à cette date majoritaire, après avoir sans cesse vitupéré contre la rénovation du Rexy, choisissait en 1990 d’interrompre l’exploitation cinématographique de ses deux salles, plutôt que de prolonger la très modeste aide financière accordée à cette fin par la  Ville à une vaillante et brillante association de cinéphiles. Et cela peu après ces propos tenus en conseil municipal par un conseiller d’opposition, qui allait devenir  en 1989 adjoint à la culture : « [ Pourquoi un cinéma à Riom ? ] Quand ma femme ou ma fille veulent aller au cinéma, elles prennent leur voiture et vont à Clermont … »

   Nous ne songerons certes pas à critiquer la conversion de notre droite « apolitique » à la défense de l’identité riomoise dans le grand Clermont, non plus que l’intention d’offrir aux habitants du centre-ville et de sa périphérie immédiate la possibilité de se rendre à pied à une séance de cinéma. Mais où ? Aucun mystère. Le candidat Pécoul l’avait clairement dit en mars 2014, et le maire-président le répète en décembre,  ce sera à l’ancien couvent des Rédemptoristes, à côté du Pré-Madame. Soit. Au delà de ce choix de principe, qu’aucun vote n’a encore confirmé, les perspectives sont toutefois moins claires. Qui sera porteur du projet ? Une société privée, éventuellement soutenue par la Ville – ou par Riom-Co – et alors comment ? Dans quelles limites ? Ou bien; à l’inverse, l’une des deux collectivité, voire les deux ensemble ? L’entretien auquel fait écho l’article du 13 décembre  prête au groupe CGR – qui va déjà construire un complexe de douze salles à Clermont- nord l’intention de « s’engager dans un nouveau cinéma de trois salles dans le parc du couvent ». Au conseil communautaire qui avait précédé de peu cette déclaration le président s’était montré d’un optimisme encore plus précis : « J’ai reçu une lettre du groupe CGR qui s’engage à construire un cinéma de trois salles à Riom. Et ce, quoi qu’il advienne du projet de cinéma de douze salles au nord de Clermont-Ferrand ». Donc engagement ferme de construire trois salles à Riom !  Bonne nouvelle assurément s’il fallait la prendre comme elle était rapportée, mais peut-être trop bonne nouvelle pour être parfaitement crédible … L’opposition du conseil communautaire a souhaité connaître les termes exacts de la lettre mentionnée, mais non lue, en séance. Curiosité légitime, s’agissant non d’un courrier privé, mais d’une pièce citée comme argument dans un débat officiel et public.  Une délégation reçue par le président a donc demandé à celui-ci de la lui montrer. Non sans quelques vives réticences, le président de Riom-Co  s’y est finalement résolu. Et alors, surprise ! L’engagement de construire trois salles se réduit en fait à la promesse  d’ « accompagner le projet de la Ville » d’une assistance administrative, technique et culturelle : pas un mot sur la maîtrise d’ouvrage, ni sur le financement ! On comprend que M. Pécoul, empêtré dans ses promesses électorales, commence à douter de la possibilité de mener cette affaire à son terme avant la fin de son mandat présidentiel.   

  Quant à la médiathèque elle-même, qui devrait voisiner avec le cinéma, ce n’est encore qu’une nébuleuse : en quoi sa conception différera-t-elle du projet primitif ? Que deviendra l’ex-usine Vercingétorix, surtout si l’Ecole de musique, comme il a été dit, était transférée dans l’ancien couvent ? Serait-il raisonnable d’avoir ainsi créé en centre-ville une nouvelle friche immobilière ? Et d’abord, à quel prix ? M. Pécoul conteste l’évaluation récemment donnée par La Montagne : « Il est prématuré, dit-il, de donner des chiffres ». Soit. Mais six mois plus tôt, qui donc affirmait que le projet alternatif opposé au projet « pharaonique » de la majorité précédente coûterait moins cher ? On peut s‘étonner que, jugeant tout chiffrage prématuré, le président de Riom-Co s‘accroche néanmoins, fût-ce mollement, à cette assurance. Sur quelles bases ? D’un « chef d’entreprise » habitué à gérer et à compter on aurait attendu moins de flou et un peu plus de rigueur.